Fleurs contaminées : 100% des bouquets testés contiennent des pesticides

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Le 14 février 2025, UFC-Que choisir publiait un rapport choc dénonçant la contamination massive des fleurs vendues en France. Sur une quinzaine de bouquets analysés en laboratoire, tous contenaient des traces de plusieurs dizaines de pesticides. Parmi eux, certaines molécules sont même interdites au sein de l’Union européenne (UE) en raison de leur dangerosité pour la santé humaine ou l’environnement. L’association de protection des consommateurs exige une réglementation plus stricte ainsi qu’un renforcement des contrôles par les autorités sanitaires et douanières.

Si vous faites partie de ces personnes qu’un beau bouquet de fleurs réjouit, vous n’êtes pas seule, mais vous risquez bien de changer d’avis. À la pièce, en bouquets déjà préparés, en composition ou en fleur unique, 41% des foyers français ont acheté des fleurs coupées en 2022. La rose représente à elle seule 44% des dépenses et 42% des volumes du marché. Avec les gerberas et les chrysanthèmes, il s’agit des trois variétés les plus vendues dans l’Hexagone.

« 100% des fleurs testées sont contaminées »

Pourtant, derrière leur parfum subtil et leurs couleurs délicates, les fleurs proposées en ligne, en boutique ou dans des enseignes de grande distribution ne seraient pas si inoffensives qu’on pourrait le croire. À l’occasion de la Saint-Valentin 2025, UFC-Que choisir a fait analyser une quinzaine de bouquets par un laboratoire. Résultat : « 100% des fleurs testées sont contaminées » aux pesticides, déplore l’association de protection de consommateurs dans le magazine Que Choisir n° 644

Les importations de fleurs coupées représentaient en 2016 un marché de quasiment 300 millions d’euros, soit légèrement moins qu’en 2015 (0,6%), selon le dernier rapport disponible de FranceAgrimer. – Photo : Pixabay

« Les résultats sont effarants : nous avons identifié dans chaque bouquet entre 7 et 46 résidus de pesticides différents », détaille l’enquête. Spiroxamine, carbendazime, difénoconazole, thiaclopride, thiophanate-méthyl… l’interminable liste dévoilée par les scientifiques est loin d’être romantique.

Parmi ces pesticides, « près de 12, en moyenne, présentent possiblement ou certainement un danger pour la santé ». Certains sont même interdits au sein de l’Union européenne. C’est notamment le cas du carbendazime, un fongicide retiré du marché depuis plus de 10 ans… mais toujours autorisé hors de nos frontières.

Des failles dans la réglementation européenne

Alors, comment les bouquets vendus en France se retrouvent-ils contaminés à grande échelle ? D’abord, on estime qu’environ 85% des fleurs coupées vendues en France proviennent de l’étranger, cultivées en grande partie au Kenya, en Ethiopie, en Equateur ou en Amérique du Sud puis acheminées en avion et en camions réfrigérés.

Là-bas, la réglementation entourant l’utilisation des pesticides est bien plus souple. Les cultivateurs, confrontés aux exigences particulièrement élevées des consommateurs, ne lésinent pas sur les quantités. Avant que les fleurs arrivent fraîches et colorées dans nos vases, elles auront subi un traitement intensif. Dans les colonnes du Monde, le ministère de l’agriculture reconnaît :

« Les fleurs en provenance de pays tiers n’étant soumises à aucune réglementation européenne, nous ne disposons pas d’informations concernant les substances utilisées et aucun contrôle n’est effectué »

Depuis des années, plusieurs organisations environnementales, comme le réseau Pesticide Action Network, réclament pourtant l’interdiction de l’importation de fleurs traitées avec des produits prohibés en Europe ainsi qu’un renforcement des contrôles par les autorités sanitaires et douanières. Pour l’heure, au grand dam des producteurs français, il n’existe aucune obligation d’étiquetage indiquant la provenance des bouquets.

Un cocktail détonant

Mais les fleurs cultivées sur le sol français ne sont pas exemptes de défauts. L’analyse de UFC-Que Choisir pointe également leurs composants, affichant un total de 14 résidus de pesticides, « dont 7 présentant un danger pour la santé avéré ou suspecté (perturbateur endocrinien, cancérigène ou encore délétère pour la fertilité ou le fœtus) ». 

Rien d’étonnant au vu de la deuxième faille béante de la réglementation européenne, qui ne fixe aucune limite légale maximale de résidus de pesticides pour les fleurs, à la différence des aliments consommables. Résultat : un cocktail de molécules nocives pour la santé et l’environnement aux fêtes d’anniversaire, repas entre amis et enterrements. 

Fleurs contaminées : 100% des bouquets testés contiennent des pesticides.

Fleuristes en danger ?

Mais ce sont surtout les fleuristes et tous les professionnels de la fleur, comme les grossistes, les préparateurs et les livreurs, qui sont directement exposés à des niveaux de pesticides potentiellement à risque pour leur santé. À ce titre, l’histoire tragique d’Emmy Marivain, décédée à l’âge de 11 ans d’une leucémie après avoir été exposée in utero aux pesticides pendant la grossesse de sa mère fleuriste, avait secoué l’opinion publique. 

« À la suite de ces révélations, la direction générale du travail et les services du ministère de l’agriculture ont saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin de lancer une première étude pour évaluer l’exposition des professionnels de la fleur aux pesticides », explique Le Monde qui avait relaté le combat de la famille, « Les conclusions – qui ne sont pas attendues avant deux ans – devraient déboucher sur des propositions d’évolution de la réglementation (…) »

Plus de 3 600 horticulteurs et pépiniéristes sont en activité en France, cultivant 15 471 hectares, dont 1 613 hectares couverts en serres et tunnels et 1 981 hectares de plateformes hors sol, relève France Agrimer. Photo : Pixabay

Des mesures pour protéger la santé publique et l’environnement

Un espoir que partage l’Union fédérale des consommateurs, ainsi que d’autres associations comme l’ONG de lutte contre les pesticides PAN-Europe. « Aujourd’hui, aucune réglementation ne limite ces résidus toxiques sur les fleurs coupées », note l’UFC, évoquant la « mise en péril » de ceux qui les manipulent,  acheteurs comme professionnels du secteur.

L’organisation dit « exiger des mesures immédiates pour protéger la santé publique et l’environnement », allant de la fixation d’une limite maximale de résidus de pesticides pour les fleurs à l’interdiction d’importer des fleurs traitées avec des pesticides classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction

En outre, les auteurs du rapport militent également pour une obligation d’étiquetage afin d’informer les consommateurs de l’origine et des traitements subis par les fleurs, en plus d’un élargissement des recherches de l’ANSES pour évaluer les risques sanitaires encourus par les consommateurs exposés aux résidus de pesticides présents dans les bouquets.

Finalement, en tant qu’amoureux des plantes, on peut se tourner plus volontiers vers des producteurs locaux labellisés bio sur lesfermesfloralesbio.com, qui garantissent une production sans pesticides et engrais de synthèse. Privilégier le label « Fleur de France » permet de s’assurer de l’absence de pesticides interdits au sein de l’Union européenne. Sans ces étiquettes, il faut faire confiance à son fleuriste pour la provenance de vos bouquets et leur méthode de culture.

Lou Aendekerk

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