L’environnement est devenu la seconde préoccupation des Français

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Si la hausse générale des prix est aujourd’hui à la première place des préoccupations majeures des Français, ces derniers sont de plus en plus nombreux à afficher leurs appréhensions quant à l’évolution du changement climatique. L’ADEME souligne ainsi dans la 23e vague du Baromètre des représentations sociales du changement climatique qu’il s’agit d’un niveau « jamais atteint ». Des chiffres records qui démontrent l’inquiétude grandissante des Français à l’égard de leur environnement et qui appellent à penser une transition brutale et urgente de nos modes de vie. 

Réalisé chaque année depuis 2000, ce baromètre a pour objectif de modéliser les représentations des phénomènes liés au changement climatique au sein de la société française. Il se base pour cela sur des enquêtes réalisées par sondage auprès d’un échantillon de 1 575 personnes représentatif de la population française âgées de 15 ans et plus, « constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence représentatif de la population », détaille l’agence française. 

Source : ADEME, Daniel Boy RCB Conseil 2022, 23ème vague du baromètre 􏰀 Les représentations sociales du changement climatique, Rapport 

L’environnement, une préoccupation importante pour la majorité des Français

Le premier constat est clair : « cette année, l’enjeu crucial de la hausse des prix domine de loin tous les autres », révèlent les experts dans leur rapport. Situation qu’ils ne qualifient cependant de « pas tout à faire inédite », puisque « dans les années 2013-2015 on avait vu l’emploi occuper une place presque aussi massive dans les préoccupations des Français (37 %) ». Ceci dit, le contexte particulier de la guerre en Ukraine et l’explosion des prix de l’énergie contribuent sans aucun doute à ces résultats. 

En deuxième position, on retrouve cependant la question de la transition écologique (aussi nommé « environnement » dans le sondage) avec 35% des voix. Une certaine dualité peut toutefois être observée au sein des répondants, puisqu’elle concerne « 23 % des plus jeunes (15-17 ans) contre seulement 8 % des 65 ans et plus, toujours plus préoccupés par la santé  (16 %) ». Plus précisément, c’est « l’effet de serre / le changement climatique » qui inquiète le plus (43%), loin devant la détérioration de la faune et la flore (16%), la pollution de l’air (11%) ou de l’eau (8%).

Une certitude de moins en moins contestée

72 % considère que le dérèglement climatique est aujourd’hui une certitude pour la plupart des scientifiques (contre 60% en 2000), et les répondants se tournent aujourd’hui massivement vers une explication d’origine anthropique (humaine) pour expliquer ce phénomène (81%). « Ce constat est d’autant plus net qu’il varie assez peu dans les différentes catégories sociales et culturelles, même parmi des groupes habituellement plus réticents à partager cette opinion », analysent les chercheurs.

Source : ADEME, Daniel Boy RCB Conseil 2022, 23ème vague du baromètre Les représentations sociales du changement climatique, Rapport 

« L’idée d’un point de basculement des opinions directement lié à l’occurrence d’évènements climatiques hors norme peut être raisonnablement soutenue, d’autant plus que si notre terrain d’enquête (22 au 29 juin) se situe en aval de la première vague de canicule (mai) il n’enregistre pas la suite catastrophique des désordres climatiques des mois de juillet et août », estiment-ils.

Qui sont les coupables désignés ? 

On constate également une nette évolution dans les secteurs considérés comme les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Ainsi, si les activités industrielles restent depuis 2000 considérées comme les plus polluantes, le secteur du bâtiment (chauffage, éclairage, électroménager) est désigné par 89% des répondants (contre 39% en 2000), suivi de près par l’agriculture qui passe de 33% en 2000 à 75% aujourd’hui. 

Source : ADEME, Daniel Boy RCB Conseil 2022, 23ème vague du baromètre Les représentations sociales du changement climatique, Rapport 

Cette année l’augmentation des réponses désignant les secteurs contribuant pour « beaucoup » ou « assez » aux émissions de gaz à effet de serre (GES) est la règle, sauf à de rares exception près comme pour les centrales nucléaires ou les activités volcaniques. « Ces accroissements sont modestes, mais ils atteignent ou dépassent 5 points de pourcentage pour la destruction des forêts, les transports et les bâtiments, peut-être parce que ces enjeux ont été très présents dans les actualités relatives à la transition écologique », soulignent les scientifiques. 

Et les médias dans tout ça ? 

Du côté traitement médiatique de la crise écologique justement, 42% des français estiment que la presse en parle suffisamment, alors que 39% estiment que ce n’est pas assez. Près d’un cinquième de la population (19%) estime quant à elle qu’on en parle trop.

De manière générale, ces chiffres sont assez stables depuis la création du baromètre. Pour l’ADEME, ils démontrent que l’augmentation d’informations dans les médias concernant le changement climatique ne semble par pour autant susciter « de sentiments de lassitude ou de saturation ».

Une importante fracture politique est tout de même à noter, puisque 71 % des personnes se situant « très à gauche » souhaitent plus d’informations sur le changement climatique contre seulement 26 % de celles se situant « très à droite ». 

Un avenir plutôt sombre…

Selon l’Institut de sondage, les Français se montrent globalement plutôt pessimistes vis-à-vis des conséquences du réchauffement climatique. 72 % d’entre eux considèrent en effet que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles d’ici une cinquantaine d’années, soit +8 points par rapport à 2021 et le niveau le plus élevé observé dans ce baromètre. « De même, à la question de savoir si le changement climatique restera limité à des niveaux raisonnables d’ici la fin du siècle, le degré d’optimisme a sensiblement diminué : de 40 % en 2014 à 33 % aujourd’hui ». 

La grande majorité de la population (62%) considère aujourd’hui qu’une modification importante de nos mode de vie est importante pour limiter le phénomène, contre seulement 11% qui estime que le progrès technologique permettra de trouver des solutions.

Pour entamer la transition, « les Français expriment ainsi le besoin de changements structurels au niveau des modèles de production et de consommation. Tout ne peut reposer sur la responsabilité individuelle », expliquent les chercheurs.

Ils estiment en parallèle que les Français se montrent plutôt pessimistes quand il est question de l’avenir de la planète.  

Source : ADEME, Daniel Boy RCB Conseil 2022, 23ème vague du baromètre Les représentations sociales du changement climatique, Rapport 

Entamer une réelle transition des modes de vie

Les citoyens interrogés se disent dès lors prêts à accepter des changements importants dans leurs modes de vie, à condition que ceux-ci soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société (pour 67 %) et qu’ils soient décidés collectivement (41 %). « Ainsi, pour les Français, l’enjeu est de s’engager dans une démarche de long terme, partagée collectivement et juste socialement ». Pour cela, ils se disent largement en faveur d’une action importante de l’État, jugé insuffisamment engagé aujourd’hui.

84 % des répondants souhaitent que les mêmes moyens déployés contre la Covid-19 le soient en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique ! « De même, concernant la priorité du gouvernement vis-à-vis de la situation économique actuelle, le public maintient sa préférence pour une réorientation en profondeur de l’économie soutenant exclusivement les activités qui préservent l’environnement, la santé et la cohésion sociale (63 %) plutôt qu’à une relance économique par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité (35 %) », constate l’ADEME.

84 % des répondants souhaitent que les mêmes moyens déployés contre la Covid-19 le soient en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique !

Des chiffres qui démontrent une réelle prise de consciences des enjeux liés aux dérèglement climatique, même si les impacts de l’effondrement de la biodiversité ne semblent pas correctement estimés pour la grande majorité des Français. Ils restent tout de même désireux d’entamer une réelle transition des modes de vie, jugée indispensable aujourd’hui. Rien d’étonnant quand on sait que 51 % des personnes interrogées déclarent avoir subi, « souvent ou parfois », « les conséquences de désordres climatiques », contre moins d’un Français sur 3 en 2015 (27 %). Le changement climatique apparait dès lors pour beaucoup comme une réalité tangible qui nécessite une action urgente de la part de chaque acteur de la société. Il était temps !

– L.A.


Photo de couverture : Des manifestants contre le changement climatique défilent dans les rues de Paris. Marche pour le climat du 13 octobre, Paris. Source : Flickr

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