Le vin français : entre tradition et transition écologique

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Véritable symbole de notre agriculture et mondialement connu, le vin français fait figure d’acteur économique majeur dans les exportations françaises. Pourtant, aussi bien du point de vue de la résilience que celui de l’environnement, son mode de production pose question pour l’avenir.

Dans un contexte écologique de plus en plus sombre, où dérèglement climatique, dégradation des sols, raréfaction de l’eau et destruction de la biodiversité s’additionnent, la viticulture mériterait clairement être repensée, sans doute en produisant moins et mieux ainsi qu’en limitant nos exportations.

Un mastodonte financier

Premier pays producteur et exportateur mondial la France est un pilier international dans le domaine du vin. Sa réputation dans cette sphère n’est d’ailleurs plus à démontrer. En 2022, le secteur a généré pas moins de 15 milliards d’euros, dont plus des deux tiers à l’étranger.

La viticulture n’occupe certes que 3 % de la surface agricole utile en France, mais elle représente 16 % de la production agricole du territoire. Ainsi, un salarié agricole sur cinq travaille dans la vigne.

Photo de Matthias Mitterlehner sur Unsplash

Une production vraiment nécessaire ?

Lorsque l’on sait l’importance économique de la viticulture, on comprend aisément pourquoi il est si compliqué de la remettre en cause. Et pourtant, à l’heure du désastre environnemental et des besoins d’indépendance croissants du pays, il serait grand temps de s’interroger sur la question.

Le vin ressemble en effet plus à un luxe qu’à une réelle nécessité, d’autant plus que sa consommation s’effondre et qu’il est entré dans une large surproduction. Quel sens existe-t-il alors à maintenir autant d’exploitations en France ?

L’urgence de devenir indépendant

Dans un contexte où les tensions internationales grandissent de plus en plus, la nécessité de devenir plus indépendant au niveau alimentaire apparaît comme une évidence. Ainsi, utiliser nos ressources pour fabriquer une boisson qui n’a rien d’indispensable au quotidien peut largement se questionner. D’autant plus, lorsqu’un tiers de cette production part directement à l’étranger.

À l’inverse, rediriger nos efforts et nos moyens vers des cultures nourricières, primordiales pour notre subsistance pourrait permettre d’être plus résilient, mais également de limiter notre impact environnemental. D’autant que le nombre d’exploitants agricoles continue de s’effondrer en France. Si leur effectif est aujourd’hui à 500 000, la moitié d’entre eux pourraient partir en retraite d’ici 2030. Inciter les professionnels du secteur viticole à se rediriger vers des filières maraîchères n’a rien d’aberrant.

Un désastre écologique

Car le problème dans le secteur réside aussi largement dans les conséquences que la viticulture engendre sur la planète. En effet, il s’agit d’une culture extrêmement gourmande en pesticides, ce qui peut avoir un résultat désastreux dans les zones géographiques où elle est spécifiquement concentré dans des monocultures intensives. Pour les 3 % de la surface agricole qu’elle représente, la viticulture utilise ainsi pas moins de 20 % des pesticides du pays.

Une tragédie pour la pollution des eaux, la fertilité des sols et la biodiversité en général, largement affectée par le secteur. Un constat d’autant plus vrai que les vignes sont particulièrement fragiles, en partie à cause du modèle agricole lui-même. Le risque existe de même, bien évidemment, pour la santé des consommateurs, mais aussi des travailleurs et des riverains de ce type de cultures. Même du côté du vin bio, qui ne représente pourtant que 22 % de la production, l’utilisation du cuivre interroge.

Enfin, l’enjeu est également climatique, puisqu’entre la fabrication, l’embouteillage, et le transport, une bouteille de vin équivaudrait à pas moins de 1,5 kg de CO² rejeté dans l’atmosphère. Une raison de plus de réduire nos exportations, ce qui permettrait de diminuer nos importations dans d’autres secteurs.

Vers un avenir incertain

Pire encore, avec le dérèglement climatique et l’augmentation des catastrophes naturelles (sécheresse, tempêtes, etc.), la viticulture risque d’être de moins en moins adaptée à notre pays et de devenir de plus en plus fragile. Si l’on persiste dans cette direction, il faudra alors nécessairement utiliser de plus en plus de produits phytosanitaires et alimenter un cercle vicieux qui nous conduit au désastre.

Certes, la viticulture n’est sans doute pas le problème écologique numéro un au monde. Pour autant, elle représente une pierre non négligeable dans l’édifice du cataclysme, et ce à plusieurs titres. Elle devra donc s’adapter, et même si elle n’a pas vocation à totalement disparaître, elle sera amenée, comme le reste, à passer par une indispensable décroissance.

Simon Verdière

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