TVA sociale : Une arnaque au service des riches

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Depuis des mois, la droite de l’échiquier politique ne cesse d’alarmer la population sur un déficit abyssal et sur la nécessité de revoir le budget du pays. Refusant obstinément de mettre les plus riches à contribution pour résoudre le problème, François Bayrou semble avoir replacé sur la table l’idée d’une « TVA sociale », mesure profondément injuste et un véritable danger pour la justice sociale.

D’après Emmanuel Macron, notre modèle social serait « trop financé » par le « travail ». Toutefois, derrière cette phrase se cache une volonté de déposséder les salariés de tout pouvoir sur la gestion de la sécurité sociale. Celle-ci ne cesse de s’effriter d’année en année sous les coups du néolibéralisme. Dans les faits, il s’agit même à l’opposé des déclarations du président d’un transfert des richesses du travail vers le capital.

Les plus pauvres une nouvelle fois à la caisse

Si François Bayrou a promis qu’il demanderait un effort à « tous les Français », force est de constater que sa dernière idée en date, la « TVA sociale », va plutôt une nouvelle fois épargner les plus aisés pour se reposer sur les classes populaires.

Concrètement, il s’agirait d’augmenter la TVA pour financer une partie de la sécurité sociale en lieu et place des cotisations salariales et patronales. Or cette taxe frappe avant tout les plus pauvres dont la consommation représente une plus grosse portion du budget.

En outre contrairement aux cotisations sociales qui sont calculées en fonctions des revenus, la TVA s’impose de la même manière à n’importe qui, quels que soient ses moyens. De ce fait, elle est donc plus lourde pour les ménages les plus précaires que pour les grandes fortunes.

Gloire au grand capital

En réalité, réduire les cotisations sociales au profit de l’impôt permet de transférer les richesses du travail vers le capital. En effet, les cotisations sont obligatoires et contraignent les plus fortunés et les entreprises à participer à la solidarité nationale, c’est la socialisation des ressources.

Au contraire, une taxe comme la TVA va bien moins toucher les sociétés et les personnes les plus aisées. Au lieu de voir un pourcentage de leurs revenus partir dans le système commun, elles pourront à l’inverse le placer dans la bulle spéculative. Proportionnellement, la sécurité sociale reposerait donc sur les épaules des plus pauvres, ce qui à terme va faire diminuer ses recettes.

Entreprise de destruction massive

Cette démarche, comme Mr Mondialisation l’évoquait dans un précédent article, s’inscrit dans un long processus de démantèlement de notre sécurité sociale. Cette dernière a en effet été pensée pour être intégralement financée par des cotisations ou chaque individu serait mis à contribution selon ses moyens, afin de toujours conserver un certain équilibre.

Or, en épargnant les plus aisés et les entreprises, le gouvernement va inévitablement réduire les ressources disponibles. Quand il aura lui-même sabordé le système, il pourra alors s’écrier qu’il ne marche pas et il glissera finalement vers la privatisation et un fonctionnement à l’américaine. Dans les faits, il s’agit une nouvelle fois de faire des cadeaux aux plus riches sans aucune contrepartie ni aucune assurance qu’ils embauchent ou investissent.

Déni démocratique

À l’origine, le principe des cotisations et des salaires socialisés garantissait une surveillance démocratique des fonds par les travailleurs eux-mêmes. Les caisses de sécurité sociale auraient ainsi dû être gérées en intégralité par les syndicats et non par l’État. Or au fil des ans, c’est bien ce dernier qui a fini par en reprendre le pouvoir.

Passer de la cotisation à l’impôt pour financer un modèle social, c’est aussi se mettre à la merci des décisions d’un gouvernement qui peut tout faire s’effondrer selon son bon vouloir, ce qui n’est pas possible avec des fonds sous contrôle des actifs. Ainsi, la sécurité sociale ne serait plus un droit, mais une simple « aide » qui pourrait être conditionnée et même abolie.

En finir avec la solidarité

On l’aura compris, la « TVA sociale » n’a en réalité rien de social. Au contraire, elle s’apparente à une énième attaque contre notre système commun. Le grand capital se trouvera alors déresponsabilisé de l’effort national de solidarité qui devrait pourtant concerner chacun d’entre nous.

Un droit conquis au sortir de la guerre pourrait donc se transformer en une « dépense publique » supplémentaire que les libéraux s’occuperont sans vergogne de désigner comme un poids. Il suffit pour s’en convaincre d’observer à quel point ceux-ci confondent déjà volontairement imposition et cotisation et ne cessent d’égrainer des poncifs consternants sur une France « championne du monde des impôts » et des « charges ». Et tant pis si pour cela, ils oublient de signaler tous les frais contraints vers des services privés dans les pays étrangers, en particulier les assurances maladie.

Si rien n’est fait et que le peuple laisse à nouveau ce trésor national qu’est la sécurité sociale se dégrader, alors la privatisation finira sans aucun doute par l’engloutir. Une porte ouverte à la capitalisation des retraites, aux mutuelles privées et à une précarisation de pans entiers de la population.

Simon Verdière

Photo de couverture : Unsplash

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